« Nous ne sommes pas des enfants, nous sommes des adultes » : Journée Mondiale de la Trisomie 21
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À l’occasion de l’édition 2023 de la Journée mondiale de la Trisomie 21 (21 mars), Grandir en Société a organisé une exposition en collaboration avec plusieurs graphistes, afin qu’ils imaginent des affiches sur le thème « Nous ne sommes pas des enfants, nous sommes des adultes ».
Et nous ?
Timothée GERRIER
- timothee.gerrier31@gmail.com
- le_precheur_
« Depuis tout petit, j’entends ma mère me répéter « Tout ce que vous faites pour moi sans moi, vous le faites contre moi ». Cette phrase de Gandhi et de Mandela, répétée maintes et maintes fois est devenue un mantra familial. Et pour cause, au sein de notre famille, mon frère est porteur de Trisomie 21. Ce qui est intéressant, c’est que cette phrase n’a jamais eu autant de retentissement que depuis que mon frère est adulte. Ce sujet et cette affiche m’ont donné l’occasion de m’interroger sur la place des proches que nous sommes.
Le monde du handicap mental, plus particulièrement de la Trisomie 21, est particulier. C’est la seule minorité discriminée où, par sa particularité, ce sont majoritairement la voix des proches et des alliés qui s’élève pour défendre cette cause. Le problème, c’est que nous aussi en tant que proches, alliés, personnes concernées, nous devons faire notre autocritique et nous demander quelles injonctions et comportements familiaux sont un frein à l’autonomie de nos enfants, frères, cousins porteurs de Trisomie 21.
Nous sommes en première ligne pour le meilleur comme pour le pire. Cette affiche représente l’emprise protectrice que nous avons sur les personnes porteuses de Trisomie 21. »
Mon best tattoo
Zoé LANGRIS
- zlangris@yahoo.fr
- zzzpoke
« Devenir adulte est une étape trouble de la vie. Savoir si l’on en est un, si les autres nous perçoivent comme tel. Devenir adulte est un voyage tortueux vers l’émancipation de l’esprit et du corps. Cette illustration était l’occasion de mettre au premier plan cette question du corps, par le tatouage. A mes yeux, le tatouage est un acte symbolique qui traduit d’une envie de ce réapproprier notre corps, celui dans lequel nous sommes nés et sur lequel nous n’avons que peu de contrôle. Le tatouage est également l’affirmation d’une identité précise constituée d’éléments qui parlent de notre vécu, de nos goûts, nos souvenirs, nos rêves, de ce qui nous rend plus fort. Montrer la possibilité qu’une personne porteuse de trisomie puisse se faire tatouer met en perspective cette notion de choix et d’autodétermination dont ils sont capables au même titre que les personnes neuro typiques. »
La Femme à la friteuse
Khadidja ABDELLAOUI
- latelierdekahad@gmail.com
- latelierdekhad
« Lors d’un entretien, Inès a confié que ce qu’elle aime le plus depuis qu’elle est adulte c’est « avoir un salaire pour gagner de l’argent, pour payer le foyer, pour le restaurant et faire des cadeaux… » et a déclaré « Je me suis même acheté une friteuse ! ».
Cette illustration questionne l’infantilisation dont les adultes porteurs de Trisomie 21 sont victimes. L’achat d’une friteuse est un symbole de la capacité d’Inès à prendre des décisions financières et à subvenir à ses besoins. Représenter cette femme adulte dans une position de pouvoir, d’autonomie et d’indépendance, c’est aller à l’encontre des stéréotypes qui l’infantilisent et la dévalorisent. Inès est une adulte, pas une enfant. »
Un jeu d’enfant
Julien NICOLAS
- bonjour@agence-bbird.fr
- 2023.agence-bbird.fr
- bbirdea
« Avec un nuancier limité, cette illustration fait référence au fait que l’on sous-estime trop souvent les personnes porteuses de Trisomie 21 (dans le regard qu’on leur porte ou dans les tâches qu’on leur confie). En reprenant les formes géométriques élémentaires, on fait un parallèle entre les jeux d’éveil pour enfants en bas âge, et le motif des chaussettes dépareillées de l’adulte dont on voit les jambes (poilues). Les 3 formes géométriques se retrouvent sur le motif des chaussettes, comme ces idées reçues infantilisantes qui continuent de suivre les personnes concernées tout au long de leur vie. »
1 adulte
Gabriel JANS-ROBINSON
- gabi.jans-robinson@orange.fr
- bigrael.jr
« La Trisomie 21 est un handicap mental et visible. Ce double facteur discriminant, au sens de « celui qui distingue un individu », a souvent pour effet d’alimenter un certain nombre de fantasmes au sein de notre société à majorité neurotypique. Pourtant, dès lors que l’on questionne une personne porteuse de Trisomie 21 sur sa vie quotidienne, ses habitudes ou ses passions, il est plus que probable d’entendre un témoignage qui, les yeux fermés, serait indifférenciable du récit quotidien de son voisin, de sa collègue, indifférenciable de son propre récit. Rien dans les caractères visibles de la Trisomie 21 ne peut prédire l’avenir de la personne qui en est porteuse, malgré le confort que procurent les stéréotypes à l’être humain lorsque celui-ci est confronté à ce qui lui est différent. Le handicap n’est pas un instrument de divination ni le signe d’un sort funeste, mais une composante parmi d’autres d’identités à la fois multiples et vivantes. La trisomie n’a rien d’un masque de fer, et un·e adulte la portant n’a rien d’un·e prisonnier·e. Au contraire, chaque adulte est libre d’aller, de ressentir, de choisir ou d’aimer, de vivre un destin aussi banal qu’extraordinaire selon ce qu’il décide d’incarner à chaque instant T. Chaque individu est libre de jouer les cartes de sa main comme bon lui semble, qu’il commence la partie avec une paire ou un brelan. Le caractère Caryo a été dessiné à l’occasion de la Journée Mondiale de la Trisomie 21 et vise à valoriser l’expression personnelle derrière les différences interlocutantes. »
Évidence
Anne PERRIAUX
- gabi.jans-robinson@orange.fr
- bigrael.jr
« Que l’on ait un chromosome en plus ou non, être adulte c’est : Sortir avec des amis, Obtenir son diplôme, Avoir de la barbe, Faire du hip-hop, Avoir plus de 18 ans Aller au restaurant, Prendre le bus tout seul, Être fier de son travail, …
(Liste écrite d’après des propos recueillis auprès de personnes adultes porteuses d’une Trisomie 21. Merci à elles d’avoir accepté de se livrer). »
L’objectif visé à travers cette exposition est de casser les préjugés autour de ce handicap visible et de sensibiliser sur le fait que les personnes adultes porteuses de Trisomie 21 sont dans le même monde que les autres, qu’elles souhaitent avoir la vie la plus ordinaire possible et qu’elles sont des adultes, à même de faire leurs propres choix.
Trop souvent, il y a une infantilisation de l’adulte en situation de handicap mental de la part de la société : tout le monde est concerné par ce biais : professionnels de santé, accompagnants, personnels du médico social, familles, amis….. Sous prétexte que l’adulte en situation de handicap mental a des difficultés de compréhension, on pense qu’il raisonne comme un enfant. Et on ramène aisément son niveau d’intelligence à un âge. Pourquoi ne fait on pas cela pour les gens qui n’ont pas de souci d’intelligence ? Tous nous avons tendance à les infantiliser :
- Quand nous répondons à leur place
- Quand nous nous adressons d’abord à leurs accompagnants
- Quand nous le tutoyons immédiatement
- Quand nous faisons systématiquement à leur place
- Quand nous souhaitons toujours être à leurs côtés
Tout cela est particulièrement vrai pour la trisomie 21 qui engendre de nombreux préjugés et réactions inappropriés.
Les graphistes ayant travaillé sur cette thématique sont présentés ici.
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